Le patrimoine méconnu de l'éclairage

par Monsieur Ara

Voici en quelques lignes une présentation sommaire de ce que je considère comme un patrimoine culturel et technique méconnu: celui de l'éclairage.
Ces petits joyaux, pourtant encore bien présents, sont ignorés et souvent détruits.

Pour éviter de donner des indications trop précises aux personnes malveillantes, je me contenterai de signaler les objets sans en donner l'emplacement exact.
J'espère que les chercheurs et enquêteurs les trouveront dignes de l'Inventaire général du patrimoine culturel.

Remarquable ensemble de seize réverbères à huile.

Faute de pouvoir les examiner de près, je ne peux que supposer qu'elles datent du XIXe, et n'ose même pas imaginer qu'elles sont du XVIIIe. Elles semblent encore être munies de leurs brûleurs d'origine, l'électrification ne semble pas avoir détruit les organes vitaux de ces lanternes. Cela se trouve sur une place très animée d'une grande ville de France.

       
A gauche: boîte encore couverte, puis à droite, niche vide.

La boîte à corde, une petite niche dans le mur munie d'un portillon fermé à clef en faisait une petite armoire protégée. A l'intérieur était installé un petit cabestan sur lequel s'enroulait le cordon qui montait d'abord à l'intérieur de la maçonnerie, protégé par un tube en de fer. A une hauteur de quelques mètres du sol, hors de portée d'éventuels vandales ou de voleurs, le cordon continuait son ascension avant de faire le tour d'une petite poulie et d'atteindre le réverbère à huile accroché au milieu de la rue à un fil tendu d'une façade à l'autre. Le service public de l'éclairage des rues fuit établi à Paris à la fin du 17e siècle.  

A l'époque des lanternes à huile, l'allumeur de réverbères venait rendre visite à ses lanternes deux fois par jour: une fois en plein jour pour l'entretien de la lampe et des vitres de la lanterne, puis à la tombée de la nuit pour l'allumage. L'extinction se faisait automatiquement par épuisement du carburant.  

L'employé ouvrait d'abord le portillon avec sa clef, puis insérait la manivelle qu'il portait avec lui sur l'axe carré du cabestan, et laissait descendre la lanterne à hauteur confortable pour travailler. Une fois ses gestes quotidiens accomplis (changement de la mèche, remplacement du verre, remplissage du réservoir, nettoyage des vitres), il remontait la lanterne et refermait le portillon à clef avant d'aller quelques dizaines de mètres plus loin, recommencer ses mêmes opérations avec la lanterne suivante, une des quelques dizaines dont il avait la charge.

Ces curieuses boîtes à corde dans le mur ont quasiment toutes disparu des murs parisiens. Même celles qui avaient été bouchées au cours des ravalements successifs et dont l'emplacement se laissait encore deviner par la couleur différente du mortier ont été occultées par des "maquillages" récents, mais une dernière rescapée de la rue des Grands Augustins tient encore bon. Les passants imaginent qu'à cet emplacement se trouvait une Madone ou une bougie, sans se douter qu'il abritait des lumières d'une autre nature... D'autres exemples se trouvent notamment à Sarlat ou près des châteaux de Fontainebleau, Compiègne, etc.

Le seul réverbère à gaz de France encore en service sur la voie publique.

Léon, comme il est surnommé par les riverains, a été sauvé de l'électrification au milieu des années 1970.

Il existe quelques centaines d'autres éclairages de rue au gaz en France, mais ce sont des reproductions récentes, comme à Sarlat, Grenoble, Strasbourg... Quasiment rien à côté des dizaines de milliers de becs de gaz allemands, ou des modèles superbes de Prague, Varsovie, Budapest, voire de Kobé (Japon) ou San Diego (USA)...

Léon est muni d'un bec droit Auer et d'une horloge d'allumage automatique restée à l'arrêt en position "allumée" pour préserver le manchon qui aurait peut-être souffert des contractions thermiques à l'allumage et à l'extinction. De fait, ce bec souffre d'un manque d'entretien et ne donne qu'un dixième de la luminosité dont il serait capable si un spécialiste était autorisé à intervenir...

Numéro d'immeuble lumineux.

A Paris, ces numéros étaient obligatoires pendant plusieurs décennies du XIXe siècle pour les immeubles construits sur des terrains achetés à la Ville de Paris. Le but en était de faciliter dans l'obscurité le repérage d'une adresse donnée par les forces de l'ordre, cochers, etc.

Il en reste quelques centaines, mais plus aucun ne fonctionne...

De nombreuses lanternes d'extérieur subsistent dans les villes et campagnes de France, ainsi que des éclairages d'intérieur dans les parties communes des immeubles. Ces éléments authentiques de l'architecture des siècles passés sont souvent ferraillés en cas de travaux pour être remplacés par des modèles sans âme, alors qu'une remise en état aux normes est parfaitement possible et quelquefois moins onéreuse que leur suppression. Voici quelques exemples: lanternes à pétrole, becs de gaz, enseignes de commerces et divers petits détails intéressants.

 

Eclairage d'apparat au-dessus d'une porte cochère.

Ces tubes étaient percés de  trous faisant office de becs de gaz. Les petites flammes reproduisaient dans le noir le dessin de la ferronnerie qui pouvait, en d'autres lieux, représenter des lettres ou des emblèmes comme le drapeau, l'ancre de marine, etc...

Réverbère muni de sa lampe à pétrole

Enseigne de commerce

Candélabre à gaz, à présent électrifié

Réverbère à gaz surpressé à Neuilly / Seine,
aujourd'hui défiguré avec un globe inadapté.

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